SECOND SOUFFLE.

Le texte "Le savon" d'Alexis lds m'as donné l'idée de vous proposer de décrire votre réincarnation. Aucune contrainte... j'ai hâte de vous lire !


Comment aurais-je pu penser finir ainsi?

Tordue dans tous les sens, repliée sur moi-même au fond d'une cave sombre et humide. Dévorée par tous les rats qui passent. Je ne sais pas à qui j'appartiens. Pourtant il vient souvent ici, je l'entends prendre quelque chose au milieu des cartons, pleurer quelques heures, et repartir.

J'aurais pu être une corde à sauter, pour jouer avec des petites filles à la récréation. Un chouchou, pour partager les confidences d'une cliente à son coiffeur. Ou bien servir escalader des montagnes et accomplir toute sorte d'exploits. Mais depuis que je suis ici, je ne fais qu'attendre. Attendre que l'on ait besoin de moi pour enfin revivre, et servir. Réussir là où j'ai échoué lors de ma première vie.

Le revoilà qui vient. Comme toujours, j'entends le bruit des cartons. Mais cette fois, il les écarte devant moi, et j’aperçois enfin son visage. C'est mon mari! Enfin, il l'avait été. 

Oh, mon amour pardonne-moi de t'avoir abandonné, seul avec notre enfant! C'est donc toi qui es si malheureux. Et tout cela par ma faute. Je suis désolée de ne pas avoir survécu, mais le résultat doit être merveilleux. Surtout prends bien soin de ce bébé pour nous deux!

Il tend sa main vers moi. Encore maintenant je frissonne au contact de sa peau sur moi. Il me lance vers le haut puis me rattrape. De ses doigts habilles, il me démêle en quelques secondes puis me replie sur moi même par deux fois. Il me fait tourner à en avoir le tournis. Lors qu’enfin il s'arrête, ma position est très inconfortable. 

Non! Mon amour ne fais pas cela! je t'en supplie! Penses à notre enfant qui n'a déjà plus de mère, ne le prive pas en plus d'un père!

Il monte sur une vieille malle qui renferme nos souvenirs, puis passe sa tête à travers moi. Je sens ses larmes couler, mais ses gestes sont fermes. Il est décidé. Je refuse d'être son bourreau! Il prend une grande inspiration, puis d'un coup de pied, renverse la malle qui s'ouvre sous le choc en renversant des photographies. 

La chute est violente, et le choc brutal. Il se débat et s'accroche à moi pour chercher de l'air. Impuissante, je le porte à quelques centimètres du sol sans pouvoir le reposer. Après quelques secondes seulement, ses muscles se détendent. C'en est terminé. 

Je reste là, déchirée, mais incapable de pleurer ou de hurler. Je ne peux qu'attendre et regarder. Sentir le poids de son corps se balancer. Tant de malheur au dessus de ces photos qui affichent notre bonheur passé.

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